Le fleuve coule très tôt dans le texte littéraire, en imprime le rythme par des variations qu’on pourrait définir infinies et, face à la labilité de l’histoire, il reste toujours le même. La littérature se fait témoignage de ce paradoxe: le même fleuve pourra, le long des siècles, engendrer des représentations différentes qui donneront lieu à la naissance d’un mythe et d’une métaphore, ouvrant un horizon de recherche à peu près illimité.
Bien que le mythe du fleuve s’impose au regard du savant, en tant que source puissante (Occident et Orient) de l’inspiration de nombre d’auteurs – depuis les origines de l’écriture jusqu’à ses essais les plus récents, aussi bien en vers qu’en prose – les communications recueillies dans ce volume viennent aujourd’hui combler un vide dans les études littéraires. Au cours du colloque consacré à la Poétique du fleuve (Gargnano, 17-20 septembre 2003) par les spécialistes de domaines divers, l’on a abordé cette thématique sur la toile de fond des apports de la réflexion historique et géographique. Les nombreuses suggestions et contaminations auxquelles ce sujet donne lieu dans le domaine de la création ont été scandées du point de vue de l’analyse de l’image, de son statut mythologique et de sa latitude poétique. À côté de la rêverie du fleuve par référence aux structures fondamentales de l’imaginaire, est résultée aussi l’envergure théorique de ce thème, qui débouche sur une véritable poétique, mettant en jeu tout un éventail de liens, antinomies et noeuds problématiques.
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